Julien Prévieux

Mordre la Machine

Pour son exposition personnelle au [mac] musée d’art contemporain de Marseille, Mordre la Machine, Julien Prévieux déploie un ensemble de procédés de traduction entre différents systèmes - matériels et virtuels - et temporalités croisées, entre passé et futur, archéologie des médias et science-fiction, explorant les enjeux associés au monde du travail, aux technologies, au management, à l’économie ou aux dispositifs de contrôle.

Cette exposition de Julien Prévieux, regroupant une vingtaine d’œuvres récentes de l’artiste ou réalisées spécifiquement pour l’occasion, est une véritable anthologie proposant une lecture spécifique du travail de l’artiste. Elle met en avant le caractère précurseur d’une démarche qui s’est propagée à toute une génération d’artistes créant des œuvres dans le contexte des transformations globales induites par internet. Julien Prévieux a depuis longtemps engagé des modalités de traduction matérielles de questions issues de systèmes dématérialisés, n’opposant jamais vie matérielle et vie virtuelle. La fluidité apparemment sans contraintes des réseaux est pourtant bien sous-tendue par une réalité très concrète de câbles et data centers. Son travail se situe dans ces modalités de traduction, entre les données informatiques et des mises en forme parfois artisanales, mais aussi entre deux temporalités. « Le futur est déjà là - seulement il n’est pas uniformément distribué », disait l’écrivain de science-fiction William Gibson. Il y a dans son exposition des échos « anticipés » à des questions de notre époque : du travail digital à la politique managériale du chiffre, en passant par des contrôles de l’insurrection et la visualisation cartographique des délits ou le brevetage de gestes à venir. Mais ces questions sociétales se posent toujours à l’intérieur d’un désir formel qui vise à partager le savoir, chercher les paradoxes, ouvrir les possibilités d’interprétation tout en laissant de la place à l’humour. L’enjeu critique se situe dans l’appropriation artisanale de certains outils de contrôle, mettant à nu l’idéologie sousjacente et la construction des croyances scientifiques d’une époque. Si Julien Prévieux conçoit son œuvre en écho à la mise en données et en information du monde, en donnant notamment à voir les données autrement, il interprète cet arrière-plan pour mieux produire des formes, des expériences singulières et des stratégies critiques. Le parcours élaboré au [mac] musée d’art contemporain de Marseille met en avant les notions d’expériences et de programme (économique, social, informatique, architectural) déjà à l’œuvre dans ses fameuses Lettres de non-motivation, et que l’on retrouvera notamment dans une nouvelle série de photographies réalisées avec un système de Machine Learning ou dans une installation créée pour l’occasion utilisant un langage graphique conçu pour communiquer avec les singes. Julien Prévieux explore à nouveau frais les rapports aux codes et les agencements multiples que l’homme construit dans et avec son environnement, et nous donne les outils pour le mettre à distance.

Production

Conception [mac] musée d’art contemporain de Marseille et actoral, festival international des arts et des écritures contemporaines
Avec le soutien
de Tchikebe pour la réalisation des sérigraphies de l’œuvre Pour Lana

Aller plus loin

Arts visuels | France

La cômerie


du mer 26 sep 2018 au dim 24 fév 2019


Vernissage mar 25 sep 2018  18h30

Exposition ouverte du mardi au dimanche
de 10h à 18h

Tarif plein : 9€
Tarif réduit : 5€
Gratuit pour les moins de 26 ans
et les bénéficiaires des minimas sociaux

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