Rodrigo García, dramaturge, metteur en scène, scénographe, est né en 1964 à Buenos Aires. Il quitte l’Argentine en 1986 et s’installe à Madrid, où il fonde La Carnicería Teatro en 1989, compagnie avec laquelle il monte de nombreuses mises en scène expérimentales, comme Acera derecha en 1989, Los tres cerditos en 1993 ou El dinero en 1996.
Cherchant constamment à dépasser les formes du théâtre traditionnel, il entretient un rapport à la scène plus proche des arts plastiques et de la poésie que de la dramaturgie classique. Sa démarche repose sur un décentrement du texte au profit d’une poétique globale de la scène, où le travail au plateau avec ses comédiens, les images, la lumière, la musique et le texte sont des matériaux susceptibles de se répondre, de se compléter et de porter la création.
Son écriture, à la fois littéraire et scénique, observe le monde avec une acuité singulière pour révéler ses brisures, ses lieux communs et sa beauté, et transformer ainsi notre réalité. La désacralisation qu’il opère sur les éléments du plateau et sur le texte participe d’une volonté affichée de défaire le théâtre de sa solennité et de forger une poésie propre à chaque œuvre. Dès les années 2000, ses pièces qui portent une dénonciation explicite des travers de nos sociétés occidentales reçoivent rapidement une reconnaissance internationale. Parmi elles, After sun (2000), J’ai acheté une pelle à Ikea pour creuser ma tombe (2002), L’histoire de Ronald, le clown de McDonald’s (2002), Jardinage humain (2003), Agamemnon - à mon retour du supermarché, j’ai flanqué une raclée à mon fils (2004). Avec Et balancez mes cendres sur Mickey, (2006) Mort et réincarnation en cow-boy (2009) ou Daisy (2013), Rodrigo García engage une exploration plus personnelle et souvent plus abstraite du monde, dont il offre des métaphores dérangeantes et lucides. Il confronte le public à ses propres mystères, à ses peurs ou à ses fantasmes, non sans provoquer parfois la polémique, comme avec Accidens (2005) ou Golgotha picnic (2011).
Chez lui, l’audace et le désir du mystère impulsent une déconstruction des codes et l’élaboration d’un langage poétique et scénique tout à fait singulier, qui naît d’une juxtaposition à priori disparate et de la recherche continue de la beauté dans chaque matière, chaque élément du plateau, qu’il soit matériel, visuel, organique ou sonore.
En 2009, l’UNESCO lui remet le XIème Prix Europe pour le Théâtre. En 2014, il est programmateur associé du Malta Festival. Le 1er janvier 2014, Rodrigo García est nommé directeur du Centre Dramatique National de Montpellier. Abordant son mandat de la même façon qu’il aborde une pièce, il renomme le centre Humain trop Humain. Il en fait un lieu de création ouvert à la performance, la danse, la musique et les arts plastiques, doté d’un département d’arts numériques.
Ses comédiens le rejoignent pour fonder une troupe permanente au CDN.
Après la mise en espace de Humain trop humain de Friedrich Nietzsche, et la performance Flame, il crée en 2015 le spectacle 4. En 2016, il crée la performance filmée Hamlet Kebab d’après Shakespeare pour le théâtre de La Commune - CDN Aubervilliers. La même année, il signe la mise en scène de l’opéra L’Enlèvement au sérail de Mozart, dirigé par le chef d’orchestre Arthur Fagen au Deutsche Oper de Berlin. En 2016 toujours, il crée l’installation Pinball Bosch, Venha jogar com Deus e com o demónio (Bosch flipper / Viens jouer avec Dieu et avec le démon), l’oeuvre sera présentée lors de BOCA - Biennale d’art contemporain de Lisbonne.
En 2017, dans le cadre de l’exposition Retour sur Mulholland Drive à La Panacée - Montpellier, il crée WHO - WHAT (installation / performance).
Les Solitaires Intempestifs, sa maison d’édition en France, a publié depuis 2001 une vingtaine de ses textes, dont deux recueils, Cendres (1996-1999) et Cendres (2000-2009) et très récemment Barullo – Un livre dodécaphonique (2015).