Michaël Allibert & Jérôme Grivel

Si l’obscène est étymologiquement ce qui n’est pas montré sur scène, tout le travail qui donne lieu à un spectacle et n’est jamais montré, est obscène. Partis d’une réflexion sur la notion du jouir, le danseur Michael Allibert et l’artiste Jérôme Grivel en sont venus à parcourir le potentiel de tout ce qui n’était pas qualifié à la monstration. En exhibant les étapes de recherche, de production et d’entraînement, ils déplacent le regard vers ce qui précède l’oeuvre, et rendent justice au tâtonnement, à l’erreur, plutôt qu’à l’accomplissement et à la puissance. Cette exploration a débouché sur un dispositif d’ateliers, d’actions et d’expositions dont quelques modules seront présentés à actoral 2021. Parmi ceux-ci, Activité d’atelier est un temps d’expérimentation entre un corps, un objet et un environnement ; Routine(s) donne à voir les étirements des danseurs comme objet spectaculaire ; et Postures de repos montre des corps nus au calme, hors tension, dans leur immobilité.

BIOS

Comédien ayant quitté le théâtre pour la danse, Michaël Allibert crée en 2005 son propre groupe, Trucmuche Compagnie, et développe un travail de création contemporaine aux confins de l'art dramatique, chorégraphique et musical, afin de dire au plus juste la « bancalitude du monde ». En 2011, Michael Allibert est lauréat des Hiveroclites et soutenu par le CDC - Les Hivernales. Il est également artiste résident à L'L, lieu de recherche et d'accompagnement pour la jeune création à Bruxelles. Très investi sur son territoire d’implantation (Nice), il crée différents dispositifs de médiation (Soli Me Tangere), de diffusion d’oeuvres (Ricochets), de soutien aux artistes (résidence de recherche croisée Artiste chorégraphique/Artiste visuel.le) et d’actions pédagogiques (Trucs à danser).

Artiste et musicien, Jérôme Grivel s'attache à explorer, à travers différentes disciplines et fils de pensée, les rapports enchevêtrés, sensoriels, physiques et spatiaux, entre situations, environnements et corps, et les relations sociales et états psychologiques qu'ils entraînent. Décliné sur le mode performatif, son répertoire sculptural, vocal et filmique convoque les « tactiques » émises par les courants conceptuels subversifs des années soixante-dix avec l’apparente légèreté des reprises de tubes. Désamorçant les faits perceptuels mêmes qu’elles semblent appeler, ses œuvres tantôt labyrinthiques, cryptiques ou énigmatiques ouvrent des perspectives critiques sur les mécanismes informant nos expériences et nos émotions. Contraintes absurdes, détournements d’usages normatifs donnent lieu à des situations extrêmes autant que dérisoires, brisant toute fétichisation des codes et langages, esthétiques y compris.

photo @ Jérôme Grivel